I gotta hangover, I've been drinking too much for sure ft. Faheed

Des flashs. Des bribes de souvenirs qui reviennent. La musique, bien trop forte, les corps pressés les uns contre les autres, la sueur dégoulinante, les mouvements saccadés. Tu grognes, portant une main à ta tête. C'est comme si une perceuse avait décidé de prendre refuge dans ta tête. Tu as horriblement mal. Saleté d'alcool. Et tu te souviens, les rires de ces gens que tu ne connais pas, les nombreux verres qu'on t'a offert et que, bien sûr, tu n'as pas pu refuser. Et le noir total. Tu ne te souviens de rien d'autre.
Tu tentes d'ouvrir les yeux, péniblement. Ta langue est pâteuse, tu détestes ça. La lumière du jour t'arraches les pupilles et tu places ta main devant tes yeux. Tu ne sais même pas où tu te trouves. Tu détestes cette sensation d'être perdue et complètement ailleurs, à chaque fois c'est la même chose, tu te dis que c'est la dernière fois que tu bois autant, mais non. Tu recommences la fois suivante parce que tu ne peux pas t'en empêcher. L'ambiance y est pour beaucoup, et ta capacité de résistance, très faible, également.
Tu clignes plusieurs fois des yeux pour t'habituer à cette lumière lancinante et tu étouffes un bâillement. Tu es tellement fatiguée, et tu ne sais même pas quelle heure il est.
Reprenant conscience peu à peu, tu remarques que tu portes les même vêtements que la veille, ton jean noir et ton débardeur blanc, mais que désormais, un plaid te recouvre pour tenter de chasser la sensation de froid que tu éprouves. Tu regardes autour de toi et remarque des murs crème familiers, des cadres également mais c'est... c'est chez toi. Tu hausses un sourcil, surprise. Tu ne te souviens pas d'être rentrée chez toi, mais tu ne te souviens pas de grand-chose après tout. Mais au moins tu es à la maison, tranquille et pas chez un quelconque inconnu. C'est sûrement Scar qui a posé ce plaid sur ton corps, et tu auras sûrement le droit à des remontrances de sa part pour avoir autant bu, mais tant pis, tu es jeune, c'est normal que tu profites de la vie après tout, non ?

Ton regard est attiré par une silhouette posée un peu plus loin que tu n'as pas remarqué plus tôt. Tu clignes des yeux plusieurs fois. C'est un jeune homme, la peau légèrement mate d'après ce que tu vois, et que tu ne connais pas. Est-ce quelqu'un que tu as ramené et avec qui tu as passé la nuit? Tu n'en sais rien à vrai dire, mais tu espères que non. Offrir ton corps alors que tu n'es consciente de rien, c'est dégradant. Tu aurais terriblement honte de l'avoir fait dans de telles conditions. Mais tu t'en souviendrai quand même... Quoique, vu ton état, ce n'est même pas certain.

tu l'as croisée à la sortie du boîte. titubante, chancelante, le visage blême et l'expression vide. elle t'a fait peur, parce qu'elle t'a abordé, qu'elle s'est carrément laisser tomber sur toi en essayant de te dire des mots que t'as pas réussi à comprendre. t'as senti qu'elle avait besoin d'aide quand elle a levé les yeux vers toi. ils étaient humides, à la limite de se retourner sous ses paupières et t'as senti ton estomac qui s'est serré. toi, tu quittais le job, après un service de dix-huit heures et tu rêvais de retrouver ton lit. t'avais décidé de marcher pour rentrer, profitant de la nuit claire pour t'allumer une clope et réfléchir un peu. et puis, elle t'est tombée dessus, l'étoile filante. elle avait percuté ta planète et t'avais rien trouvé de mieux à faire que tendre les bras pour l'y accueillir. elle t'a fait de la peine, elle t'a touché. ton coeur s'est serré et s'est fendu quand elle s'est mise à vomir. alors t'as fait ce que t'aurais fait pour n'importe quel membre de ta famille, t'as pris son bras et tu l'as passé par-dessus ton épaule. ton lit attendrait, elle était plus importante que ça. t'as commencé à marcher, la trainant à tes côtés comme on traîne un cadavre un peu lourd. l'odeur de l'alcool t'aurais volontiers arraché un haut-le-coeur si t'avais pas passé ta journée à cuir dans la friture. et puis, t'avais demandé son adresse, t'avais réclamé une rue, un numéro, jusqu'à les obtenir. et t'avais filé, tu l'avais raccompagnée chez elle. en y arrivant, t'avais subtilisé ses clés dans son sac et t'avais réussi à la faire gagner le sofa. et dans le calme de l'appartement, t'avais remonté la couverture contre son visage, t'avais posé tes fesses sur le divan en face et tu l'avais laissé s'endormir paisiblement.

ce matin, tu te réveilles avant elle. tu vérifies qu'elle respire encore d'un simple mouvement de doigt sous ses narines. soulagé, tu te prépares un café, tu en fais cuir un peu plus en te disant qu'elle ne tarderait pas à se lever, elle aussi. tu n'es pas chez toi, mais t'évolues avec une facilité déconcertante. tu visites un peu les lieux, dans le calme, la tranquillité. tu en vois suffisamment pour en déduire qu'elle n'habite pas seule et tu te demandes bien où peut se trouver son colocataire. à en juger les chaussures, il ne s'agit pas d'une autre femme, ou alors ils sont trois ici. tu reviens rapidement dans le salon, légèrement mal à l'aise d'avoir ouvertement visité les lieux. tu bois ton café, tranquillement, assis sur une chaise près de la cuisine quand t'entends du mouvement. tu tournes le visage vers elle, et voilà qu'elle se réveille. tu souris à peine, en profitant pour verser une seconde tasse de café et t'approcher d'elle doucement, t'accroupis devant elle, lui tendant la tasse dans un sourire "bois un peu." tu murmures avant d'ajouter "et je t'expliquerai tout, après." parce que tu lis dans ses yeux les interrogations.

Le jeune homme s'approche de toi, deux tasses à la main. A l'odeur, tu dirais du café. Tu réprimes un mouvement de dégoût. T'aimes pas ça, t'a jamais aimé ça. C'est trop amer, trop fort pour toi. Mais tu sais parfaitement que c'est ce dont tu as besoin pour t'éveiller et te faire reprendre totalement conscience. Alors, tu te redresses sur tes coudes et te forces à prendre une gorgée et tu lui retournes son sourire. « merci. » Ta voix est enrouée, tu as dû passer trop de temps dehors, ou crier un peu trop mais t'en sais rien en réalité. Tu te souviens pas de grand chose mis à part ce qu'il s'est passé dans la boite, et encore, ça reste flou. Quant à ta sortie et à ton retour ici, c'est le trou noir. D'habitude tu bois, certes, mais t'arrive toujours à te souvenir de ce qu'il s'est passé. Tu ne fais jamais de black out comme cette fois. T'en as honte, c'est pas ton genre de te mettre aussi minable. Tu sais parfaitement que t'as des choses à oublier, que tu souhaites effacer, mais c'est pas comme ça que tu y arriveras et tu le sais parfaitement.
Tu prends une nouvelle gorgée pour tenter de faire passer cette honte que tu ressens. Le liquide coule difficilement dans ta gorge, il te brûle mais cette chaleur qui glisse en toi te réconforte bien que le goût soit beaucoup trop amer pour toi.
Tu observes cet inconnu qui se trouve juste devant toi, et tu ne te sens même pas mal à l'aise à son contact, bien qu'il soit chez toi sans que tu sache comme il y est arrivé. Son sourire est rassurant, et ses paroles aussi, il va tout te raconter. C'est sûrement lui qui t'as ramené ici, et qui a prit soin de toi. Oscar n'a pas l'air d'être présent, sinon il se serait déjà fait entendre, et l'appartement est bien trop silencieux pour qu'il soit là. « c'est toi qui m'a ramené ici ? » Tu parles calmement, pas comme d'habitude où t'es toujours trop pressée pour prendre le temps de parler doucement. Mais la fatigue adoucie ta voix et t'oblige à être plus calme.