Violet écrase sa cigarette tachant de se calmer. Elle était sur les nerfs à cause (encore et toujours) de son boss. Ce salaupard qui lui menait la vie dure depuis trois ans, depuis que monsieur était en charge. Ce misogyne de première qui pensait qu’il réussirait à la faire partir mais c’était mal connaître Violet Barton. Elle était une (putain) de warrior, une guerrière sur des talons aiguilles de quinze centimètres qui ne se ferait pas mettre sur le banc de touche. Tout le monde dans cette boîte savait qu’elle était redoutable, qu’on ne faisait pas mieux qu’elle dans son domaine. Et l’autre avec son costume trois pièces voulait la tester. Il était reçu. Elle allait le pulvériser tellement qu’on devrait le ramasser à la petite cuillère. Il allait la supplier de rester. Elle réclamerait une augmentation exorbitant et elle se délecterait de le voir à sa merci. Cruauté ? Non c’était ça le monde des affaires, il fallait se battre et si tu étais une femme, il fallait te battre deux fois plus. Violet aimait cela. Elle aimait être dans l’arène mais des fois, c’est vrai qu’elle aimerait que le monde soit moins dur. C’était éreintant de se battre constamment mais elle se consolait le soir avec un bon verre de vin, des séances de spa régulière et bien sûr elle pouvait toujours compter sur Elisa et Maïa. Néanmoins aussi paradoxal que celui puisse être, il lui arrivait régulièrement de rêver que son horrible boss la prenne sur son bureau ou alors qu’elle lui enfonce ses talons aiguille sur le dos mais pas de manière seulement à lui faire mal. Non elle trouvait cela excitant. Après tout, un fantasme n’a jamais tué personne !

Fille aînée de propriétaires d’un restaurant gastronomique New Yorkais, Violet est une fille du pays. Elle a deux sœurs et un frère tous au caractère bien trempé. Max, Erin, Kerry et Violet, une jolie brochette. Habitués à voir les bambins près du bar. Aujourd’hui Max a repris le restaurant familial même si le père est toujours derrière les fourneaux et que la mère vient régulièrement vérifier que tout se passe bien. Du coup Violet, les rues de New York c’est son territoire. Du genre à ne pas tourner sa langue dans sa bouche avant de parler, elle s’est attirée pas mal de problèmes mais petite, elle était du genre bagarreuse. Oui elle est déjà rentrée avec un œil au beurre noir ou une lèvre fendue mais avec l’âge, elle s’est assagie mais ce n’est pas pour autant qu’elle se retient de dire ce qu’elle pense. Elle a un côté sauvage Violet, un côté semblable à la tempête qui détruit tout sur son passage. Dans sa vie, elle a aussi en quelque sorte tout détruit. Si son ambition, lui a permis d’assurer sa carrière professionnelle, il en est autrement de sa vie personnelle. Seule l’amitié indéfectible d’Elisa et Maïa a su résister. Le peu de petits amis qu’elle a eu, ont tous pris leurs jambes à leur cou. Violet est sûrement un trop grand défi. Elle peut reconnaître qu’elle est difficile à vivre mais elle ne s’excusera jamais de ce qu’elle est. Elle est fière de la femme qu’elle est et si un mec n’est pas capable de faire avec et bien tant pis, elle est très bien toute seule. Son indépendance était sa plus grande force mais parfois aussi sa faiblesse. Violet était sans concession, un vrai dragon mais surtout elle avait une carapace de fer. Justement derrière cette carapace, on pouvait trouver une femme beaucoup plus douce, sensible et fragile qu’il n’y paraît. En attendant chaussée sur ses talons, vêtue de son tailleur des plus chics, armée de son sac à main motif léopard, maquillée avec précision et lunettes de soleil sur les yeux, elle déambulait dans les rues de Manhattan prête à conquérir le monde.