appartient au staff
| Sujet: no need for sympathy. (juliette) Lun 22 Fév - 8:26 | |
| tu les vois les lumières blanches, mais elles ne t'apaisent pas la moindre. tu la sens, la couverture remontée jusqu'à tes épaules, mais elle ne te refroidit pas. et puis, tu les entends, tous ces gens qui s'affairent à pousser ton lit à travers ces couloirs. ça t'angoisse, ça te stresse. tu te remémores ta journée sans y parvenir. à quel moment tout ça, ça a foiré ? à quel moment t'as merdé ? et puis, pourquoi t'es ici déjà ? t'essaies de bouger, et là tu piges. y a tout qui te revient à l'esprit, tu t'es évanouis, en pleine rue. c'était juste après un combat, encore. tu te souviens des coups reçus mais surtout des coups donnés. t'as gagné, hier, et ça t'arrache un sourire, là, sur ton brancard. douce ironie que d'avoir remporté la mise, d'avoir empoché le pognon pour finalement se retrouver ici, allongé, à devoir te faire soigner par d'autres. tu fermes les yeux, et ça défile devant tes yeux. les images, son visage, ton poings contre ses hanches, la douleur dans ton estomac quand il rendait les coups et puis, le goût de son sang qui perlait à peine sur tes phalanges, le goût du tien, sur tes lèvres. tout se brusque dans un mélange trop douloureux, ton ventre se serrer et tu t'évanouis, encore...
quand t'ouvres les yeux, y a plus de bruit, c'est silencieux. t'es allongé, face à un mur d'un blanc trop pâle, ça brûle tes rétines, presque. tu plisses les paupières, tu respires doucement. y a cette intraveineuse scotchée à ton bras, y a ce "bip" incessant qui marque les battements de ton coeur. tu tournes le visage, la pièce est vide, et tu te sens tout aussi vide qu'elle. à bout de force, mais pas d'envie, tu fais glisser la couverture sur ton corps tuméfié. tu retiens les gémissements de douleur en te tortillant jusqu'au bord du lit. quand tes pieds touchent le sol, le froid réveille tes sens. tu respires un peu plus rapidement. il faut que tu sortes d'ici, avant qu'elle n'arrive. tu regardes l'heure, tu te dis que t'es là depuis trop longtemps. alors sans vergogne, t'arrache le fil qui pend à ton bras, tu cries un peu. c'est douloureux, ton corps ne s'est pas remis encore... et puis, tu poses le deuxième pied à terre. ça fait mal de se redresser mais t'as pas le choix, tu t'accroches à la girafe, tu la fais glisser un peu, le temps de retrouver les sensations de tes membres endoloris. ta jambe se réveille, l'autre également, mais c'est douloureux. le souvenir d'une balle qui se ramène à tes sens, tu crispes le visage. la porte s'ouvre, trop tard, elle apparaît devant toi, tes yeux se posent dans les siens, tes lèvres s'entre-ouvrent à peine "juliette." c'est tout ce que t'arrives à lui dire. |
|